Mondes-Perdus.Malade-Palpitant

Putain de bulle à toi aussi...

Mardi 16 avril 2013 à 23:12

 DEUX JEUNES GENS

- Puis-je lire votre roman ?

- Mais bien sûr.

- Il est bien.

- On m'a dit que oui. Quelqu'un.

- Alors je lui fais confiance.

- C'est trop.

- Peut-être, mais quand on veut aimer on ne compte pas.

- Non. Je n'aime pas la quantité, moi.

- Alors des boucles d'oreilles !

- Surtout pas, c'est horriblement onéreux.

- Mais comment vous avouer mon amour ?

- Avec un meurtre. Je suis mariée.

- À un homme ?

- Possible.

- Et je dois le tuer pour vous avoir près de moi ?

- Je pourais le quitter, mais je crois l'aimer encore. En le tuant je n'aurai plus de choix.

- Mais comment ? De dos, de face, à l'arbalète, aux poings, rapière, strangulation, noyade, meurtre déguisé, MST…

- Oh, je pense qu'il suffira d'un geste. Un seul geste. Sinon rien.

- Un geste ? Un unique geste ? Sans fioritures ?

- C'est ce que j'ai dit, un seul geste. Pour les fioritures… Peu importe.

Mondes Perdus

Divulgé par Aimepe

Lundi 15 avril 2013 à 19:40

 Le Falzar et le Méton.

 

- Falzar, raconte-moi ton existence.

- Je ne suis qu'un Falzar. Je ne peux t'assurer l'orgueil qu'un narrateur aura.

- Cela me convient parfaitement. Moi, Méton, je suis las de tout ça. Et rien ne saurait me faire plus plaisir qu'un Falzar sans orgueil.

- Dans ce cas je m'appliquerai à te décevoir. Mon existence commence dans les bas-fonds du coton. Un deux trois pluies d'hiver et le glaçage idem. Un aérobic survolant la frontière, Kardam buvant le thé sous la poussière des blés. Voilà tout ce que j'ai à te dire, Méton.

- Eh bien Falzar, quel dramaturgie ! Je veux savoir comment et pourquoi on est arrivés là.

- Méton, brave et très con Méton. Tu me rassures par tes questions sans fond. Et toi, qu'es-tu ?

- Tu le sais très bien.

- Raconte.

- Cela ne sert à rien.

- Raconte.

- Grrr.

- Raconte Méton. Ou pars.

- Je reste. Je suis astronome. Oui, Astronome. J'explore les quantités du vide pour venir à bout de l'ignorance humaine.

- Je ne suis pas humain, moi.

- Oui Falzar, je sais. L'ignorance humaine n'est pas pour toi. J'ai moi-même hésité un moment à être humain, connaissant tant de chose. Savais-tu que sans moi, il n'y aurait pas le cycle ?

- Je le sais. Je ne suis pas humain je te dis.

- J'oublie toujours.

- Ce que tu appelles l'ignorance humaine, c'est l'oubli humain. Seul l'humain se permet d'oublier. Sa mémoire n'en est pas une. Dès sa naissance, il sait tant de chose qu'il refuse de parler. Mais la nature est un appel et le cerveau oublie. 

- Tu ne sais pas ce que tu dis. Tu n'es qu'un Falzar, même pas le plus beau.

- La beauté, encore elle.

- Tu m'interromps. Où en étais-je ?

- Le cycle.

- Peu importe. Astronome je suis, mais pas pour tous. On m'a rejeté sans foi ni raison hors de cette sélective classe d'humains. La jalousie : j'avais repéré une si belle planète !

- La beauté, encore elle.

- Tais-toi. 

- Pardon pardon pardon.

- Suffit ! Fais demi-tour et va dire à ton maître qu'il faut te battre, puis revient.

- Je n'ai pas de maître. Mais je vais.

Il sort.

- Enfin. J'ai bien assez vécu pour n'être qu'abattu à cause de ce roi. Peut-être devrais-je le renverser, ou même le défier dans un duel d'épée en bois. Je ne risque pas la mort, et je peux gagner gros. Ah, je m'étonne parfois qu'on ne me hait pas plus par jalousie. Je suis bien supérieur aux autres, quoi qu'ils peuvent dire. (Il écoute.) Que ? On parle sans moi dire. Citation aucune. Référence zéro. Ah ! Cela suffit, je me dois de régler cette discussion.

Il sort à son tour.

Le Falzar revient.

- Méton ? Il est parti. Il a faim, cet humain. Il explosera. S'il feint l'explosion, il oubliera. Rien n'est pire, ni mieux. Occire ou se suffire. Méton, Méton. Qu'un Méton me revienne, que je le prévienne.

Le Méton ne revient pas.

- Je suis suffisant seul. Mais Méton est un ajout. Je peux me croire maître de…

Le Méton revient.

- Que dis-tu, Falzar ? Tu parles de moi ?

- Certes ?

- C'est bien. Très bien. Je suis dans les mots.

- Méton, qu'y fais-tu ?

- Je déplace des points importants. 

- C'est risqué.

- Je meurs.

Il meurt.

- Ainsi sois-tu.

Le Falzar sort.

Mondes Perdus

Divulgé par Aimepe

Vendredi 12 avril 2013 à 0:48

 Bah, pas grand chose à te dire. Je peux rien pour toi. C'pas la volonté qui manque.

J'ai tout raté. Sur un jour. Le meilleur jour pour changer de tête. Toute une journée avec une Elle. Une Intéressante. Une Bien. Qui aime sûrement faire patienter les choses pour ne pas avoir à se poser les problèmes. Mais j'ai cru entendre que je l'intéressais d'même. C'marrant comme les histoires des cœurs se racontent plus souvent qu'autre chose. C'est dans la tête, on l'écrit, ça l'est encore, mais on y pense. On y pense alors faut l'écrire, même si ça change rien. C'est p'têt pour pas s'en cacher. Alors du coup j'ai réussi mon coup, un resto-kebab puis un film. La bonne humeur, aucun malaise. P'têt que ça manquait de malaise. Pas de blanc, toujours une conversation qui suivait un fil, en prenait un autre, mais pas d'arrêt. J'ai pas su placer de bises dans la conversation et après dimanche, c'est vacances. Qui dit vacances dit éloignement. Autre chose en tête. J'ai plus beaucoup de temps. Et je veux changer de tête. Cette tête-là me plaît. Je vais pas mentir, c'est p'têt pas la plus belle. Mais je pisse sur la beauté. J'suis pas beau non plus. Pis les autres non plus. Quid du reste ? Moi elle m'plaît comme ça, c'est ce que je veux. 

Alors du coup, penaud. Demain soir anniversaire de quelqu'un. Pas méga-fête, sûrement pas de temps à deux. Après-demain milkshake. Pas à deux non plus. Après-demain... Rien de prévu. J'ose penser à de la vile ruse. Encore faut-il qu'elle accepte de tomber dedans. Mais je ne sais pas ce que veulent les femmes. C'était plus simple quand, par soucis de place, il faut dormir dans le même lit. Et même comme ça, ça m'avait pris trois jours avant d'oser lui prendre la main. La timidité ma bite. Vulgaire jeu de mot ? Mais la vulgarité m'habite. C'est ainsi que je sais pas quoi faire pour. Que veulent les femmes. Comment veulent-elles. À quel moment, de quelle façon. Surprenant, le bisou sans trop rien dire. Diplomatique, avec des mots et des questions. Lentement, un contact corporel qui progresse peu à peu. Après un rire, dans la nuit, dans un coin isolé. Retenant, quand il faut se dire bonsoir et que oh j'ai oublié de te dire smack. Programmé, avec un rendez-vous seul à seul dans un café. Festoyant, avec l'alcool aidant qui peut servir d'excuse si on veut revenir sur ses pas. Hésitant, je te laisse du temps pour me dire. Abécédaire des façons. Mystérieux, devine ce que je vais faire. Interrogeant, que penses-tu de moi. Compréhensif, on essaye pour voir si tu veux. Entreprenant, allez laisse-toi faire. Que veulent les femmes. 

Puisque pour une fois je sais ce que je veux, je ne sais pas comment.

Malade Palpitant

Divulgé par Aimepe

Mardi 2 avril 2013 à 0:12

 Jefferson est éveillé. Il est rigide, regarde droit devant lui les yeux ouverts, sans savoir si c'est un rêve, mais ce n'en est pas un, pensant au dernier mot qu'il a prononcé - ce n'était même pas un mot, tout juste une syllabe, un son à peine descriptible par un appareil auditif - et allant toujours plus loin dans les souvenirs, se dit qu'il devrait faire comme un taureau et foncer quand il voit le drapeau s'agiter devant lui, sans regarder derrière, sans penser que quelques secondes avant on a tenté de lui faire du mal, simplement foncer et regarder devant, pour toucher ce fichu truc qui bouge dans ses yeux, et que oui, ce serait pas mal de faire le taureau, mais pour l'instant il se retourne simplement dans un sens et dans l'autre. Oui. Jefferson est allongé. Depuis un long moment déjà, et ça ne risque pas de s'arrêter s'il continue à se sentir plus à l'aise lové dans l'horizontal que porté par le sens de la pluie, bien qu'il ne pleuve plus depuis déjà toute une lune blanchâtre, qui tape contre le crâne pour demander une permission d'entrer et d'enfumer de son odeur toute la moisissure attaché à la cervelle saumon pâteuse, car toute pluie qu'elle est, elle n'est là que pour noyer le saumon. Sûrement. Jefferson est aqueux. Sans fondation pour soutenir la structure corporelle qui permet à son mât de contenir la barre, navigant entre deux terres, sans se poser sur aucune : l'une est privée, l'autre pas encore assez solide, alors il faut rester encore attendre devant, en laissant couler de la bave qui viendra nourrir le ruisseau et faire mourir toute trace de nourriture spirituelle - le spirituel n'est pas important mais sa mise en fonction peut provoquer des dommages aux poumons lorsqu'il est en coin. Jefferson est con. Il est couché mais avance sur un mot, puis un autre, même s'il ne les connait pas, simplement parce qu'il les a déjà vu, alors pourquoi ne pas les mettre ensemble tiens, ça a l'air d'être une bonne idée de tout rassembler dans une même case, celle du "déjà vu", à côté du "déjà-vu" et du "jamais su" en oubliant le "veux pas". Jefferson est avancé. Il n'arrive jamais à s'aliéner.

Mondes Perdus

Divulgé par Aimepe

Jeudi 28 février 2013 à 2:01

 









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Maudit Poète

Divulgé par Aimepe

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