Mondes-Perdus.Malade-Palpitant

Putain de bulle à toi aussi...

Lundi 9 mars 2009 à 0:53

L'un sans l'autre ne saurait être possible. Venez à moi, muses, et dirigez mes doigts vers les touches qui provoqueront une mélodie accessible au royaume des vivants, pour accompagnez les phrases dans la mort... Unique en son genre, multiple dans sa création, l'histoire est ainsi et ne changera plus. Il est écrit une fois pour toute, et les changements ne saurait être plus insultant que le passé ne peut revenir que sous une autre forme modernisée appelé futur. Ainsi est la voie de ma sagesse, s'il la sagesse existe en moi...


Les étoiles du ciel sont toujours plus belles vu du dessus..

00h53 indique mon réveil matin. Je suis posé à la fenêtre. Comme tous les soirs. Je regarde loin dans le noir, pour ne voir que la nuit qui recouvre une partie de la Terre. Dans ma chambre, le doux ronronnement de l’ordinateur surpasse le silence oppressant du vide. J’ai balancé toutes mes affaires de mon armoire il y a cinq minutes. Pour une bonne raison. Ce soir, c’en est fini de ma vie d’artiste soi-disant raté. Ce soir, c’en est fini de ma vie d’amour soi-disant à sens unique. Ce soir, c’en est fini de ma vie. Tout court.

Sur l’écran de mon ordi est affiché le fichier de mes raisons. Si on abaisse cette fenêtre, il y a un autre document qui explique ma vision de la vie. Je l’ai écrit non-stop en trois jours, sans manger et sans boire. Les seuls instants où je me laissais un moment de libre, c’était à minuit. J’aime voir les étoiles dans le ciel. Posé sur mon lit, les 148 pages de mon nouveau roman. Par-dessus, les 1379 autres pages qui constituent le premier chapitre de cette vision du monde, ma vision. Je ne sais pas si mon éditeur les lira, je sais juste qu’il publiera mon dernier roman. Le roman qu’il a lui-même demandé, en détaillant ce qu’il fallait précisément faire. Le roman que j’ai fini il y a trois ans, avant que je commence à écrire pour cet écrivain célèbre en tant que nègre. Mon roman qui fera grand bruit, non parce que le sujet est polémique (une femme qui fait la cuisine et qui vient d’être témoin d’un meurtre de son mari est loin d’être polémique), mais parce ce sera le roman d’un auteur qui vient de se suicider. Et rien que pour ça, le bouquin de mon inexpérience se vendra comme un petit pain qui vient de sortir du four… C’est la loi humaine.

Ma lettre de mort comporte un merci à la vie, qui a accepté de me donner une partie d’elle-même. Dans la même phrase, je précise que je lui rends son prêt, car les intérêts étaient trop élevés pour moi. Au paragraphe suivant, je demande à mes parents de retrouver Célia et de lui dire qu’elle était une femme que j’ai aimée. Peu après, je parle à la police qui lira ces mots. Je leur dis que c’est un suicide et qu’il faut mettre une amende car je vais tenter de tuer quelqu’un. Je ne sais pas si le meurtre d’un mort peut être une violation des droits de l’homme… C’est vrai que ce n’est pas très grave, les droits de l’homme, il y a très peu de types importants qui les respectent, et qui finissent très bien.

Je regarde encore une fois le ciel. J’aime voir les étoiles dans le ciel. Leur lueur me parle et me dit que l’espoir existe. Seulement il n’existe pas ici, sur Terre. Et s’il n’existe sur Terre, pourquoi y rester ? Mon prof de français me disait qu’à notre âge et jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans, on croit encore à l’espoir. J’aurai vingt-cinq dans neuf jours, je crois que cet espoir est présent, mais ailleurs. Je ne veux pas perdre cette notion.

En vingt-quatre ans, j’ai vu pas mal de chose. De quoi en faire un livre. Pas de chance, ce livre existe déjà… Sous le nom d’un autre que moi… Je n’y peux rien. En onze mois et vingt et un jours, j’ai vu encore plus de chose, et des choses bien pires encore. Que puis-je y faire ? Un livre, un mémoire, une chanson, un poème… Moi je peux écrire, mal ou bien selon les gens. D’autres peuvent dessiner, d’autres sculpter et d’autres encore peuvent prendre des photos. Mais que peuvent faire le reste ? Ceux qui travaillent pour l’Etat, les fonctionnaires, et les commerçants ? Et que comprennent-ils de ce que nous faisons ? Que comprennent-ils de ce que je fais ?

Célia, douce et chère tendresse. Je repense à ton dernier baiser, directement suivi d’une gifle. J’avoue. Je suis un imbécile et le royaume de Dieu m’est ouvert. Mais je ne suis pas heureux. J’ai compris l’Homme. Je ne suis plus heureux. L’éternel ennui ou visite à l’Eternel ? Je ne choisis pas, j’anticipe. Entre la mort directe sur le pavé ou le supplice des hommes de mains de mon écrivain, je ne choisis pas. Je prends juste le chemin le plus court et le moins douloureux. Je suis un lâche. Nous sommes tous des lâches. C’est pour ça que je ne veux plus voir ces gens tout autour de moi.

La vie, la Vie… Dure à vivre. Dure à quitter. Je le fais sans détachement pourtant. J’allume une dernière fois ma radio. « Foule sentimentale » de Souchon. Ça tombe bien, ça résume à peu de chose près la société d’aujourd’hui… Rien à foutre des paroles de Souchon : c’est ce que pensent les trois quarts des français, et les neuf dixièmes du monde. Pourtant c’est pour la plupart leur vie.

On dit que l’opposé de la matière est l’antimatière, mais en réalité, ce devrait être le « rien ». Alors qu’est-ce que l’antimatière ? Toute chose possède son opposé. Mais en y regardant de plus près, n’y a-t-il pas deux sortes d’opposé ? L’accessible et l’inaccessible ? Et puis, l’univers lui-même, n’est-il pas inaccessible du fait que nous y vivons ? Ne devient-il pas accessible dès lors qu’il ne représente rien pour nous ? Tant de questions qui restent sans réponse. J’ai eu beau y réfléchir, y discuter avec des amis ou des philosophes, ne parlons pas des physiciens, personne n’a pu me répondre. Je vais donc essayer pour eux.

La radio passe d’une chanson à une autre, d’un tube qui devra faire un carton parce que le chanteur possède un charisme favorable à la vente, à une chanson à texte que seules quelques personnes décrypteront le sens caché. « A l’endroit à l’envers » de Noir Désir succède à « What The Fuck » d’un groupe qui restera à l’écoute pendant deux mois avant de disparaître subitement, à la vitesse où il est apparu. D’ailleurs Noir Désir a vendu plus d’album « à l’aide » de l’emprisonnement de Bertrand Cantat. Le crime d’un artiste : une renommée en plus, bonne ou mauvaise.

Voilà, j’ai parlé de moi, j’ai posé quelques questions, j’ai introduit deux chansons et j’ai expliqué le dessous du minimum des succès des artistes. Je vais pouvoir appeler un homme, au choix (ces imbéciles donnent exprès leur numéro à un certain M. Annuaire pour qu’on les harcèle et leur donne un cancer du cerveau) pour lui expliquer le malheur de sa vie. S’il s’en fout, je me jette par la fenêtre. S’il s’y intéresse et qu’il discute avec moi sur le sujet de son bonheur, je me jette à l’eau. Aplati à terre ou noyé dans la mer, je ne savais pas quoi choisir…

Je décroche le téléphone, appelle M. Pascal et attends. Le « tuut » se laisse résonner au fond de mon cœur, au rythme de ma respiration. Enfin, une voix répond en lançant un :
« Oui ?
-Bonjour monsieur Pascal. Je voudrais vous parler de vous.
-De moi ? dit la voix avec une once d’intéressement.
-Oui. Je veux vous parler de votre vie, plus précisément.
-C’est pour la télé ? s’empressa de demander la voix.
-Non, pour votre propre prise de conscience. De quoi est fait votre bonheur ?
-De votre silence ! Vous faites vraiment chier bordel ! Je bosse demain ! Pour un peu, je vous dénonce à la Police ! Putain ! »

Je raccroche. Merci, monsieur Pascal. L’homme est donc incorrigible et toujours le même… Ça tombe bien, c’est la preuve que le premier chapitre sur l’Homme est vrai. Mais qui y croira, dans ce cas ?

Ainsi, je vais me préparer au plongeon. Ça aussi, ça tombe bien. Je vais pouvoir regarder le ciel. J’aime voir les étoiles dans le ciel. J’ai choisi de tomber sur la route, rue Voltaire. En sautant de chez moi, au septième étage, la tête la première, je devrai avoir peu de chance de m’en sortir.

Et si je restais vivant ? Si la vie refusait que je parte si facilement, avec trop de conscience ? Si on m’amène à l’hôpital et qu’on me soigne ? Double confirmation de la bêtise humaine… Sauver les gens qui ne le veulent pas… Est-ce réellement une bêtise ? Je n’en sais rien… J’avoue.

Je m’assoie au bord de ma fenêtre. Je regarde au loin, le ciel. J’aime voir les étoiles dans le ciel. Je prends mon élan, concentré dans mon courage et mon espoir de l’espoir… Je saute.

Dans le ciel, tout est noir. La pollution a caché les étoiles du ciel depuis longtemps…

Mondes Perdus

Divulgé par Aimepe

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