Mondes-Perdus.Malade-Palpitant

Putain de bulle à toi aussi...

Dimanche 7 février 2010 à 2:18

 

C'est une histoire sordide. Une histoire que vous n'entendrez pas tous les jours. Ça se passe sur un pont. Vous n'en connaissez pas beaucoup, des histoires qui se déroule sur un pont. Surtout sur le pont de Londres : le London Bridge. C'est la rencontre entre un chien solitaire et un homme riche. Et une rencontre de ce genre, vous n'en avez jamais entendu parler. Surtout quand le chien s'appelle Wyatt et l'homme Earp.

Eh bien, voilà. C'est fait. L'histoire est close… Lord Earp s'en était allé faire sa petite ballade habituelle au bord de la Tamise, côté Nord. Le soir tombait juste, et les lumières électriques apparaissaient en même temps que celles des étoiles, qu'il contemplait en pensant à quelques vers de poètes français ayant relater l'espoir qu'elles engrenaient dans l'âme humaine. Bien sûr, il ne pensait pas aux affamés qui ne peuvent se nourrir d'espoir, mais s'il avait été au courant, il ne les aurait sans doute pas oubliés. C'était un brave homme, juste riche, ayant reçu une éducation destinée à des gens de la "Haute Société", qui ne faisait plus que pâle figure à l'heure d'aujourd'hui avec quelques actions en bourse. Il n'était pas un politique, ni un capitaliste. Juste un homme riche, de naissance.

Il passait donc à côté de la Tamise, et un vent froid, habituel, soufflait vers l'Est. Marchant jusqu'à la City of London School, une école publique pour garçon, il s'arrêta face à la rive sud du fleuve. Un petit objet l'intrigua. Petit, car il était vu de loin, sa véritable taille devait dépasser celle d'une voiture. Ce n'en était cependant pas une, ni rien d'extraordinairement bizarre, mais cela suscita en lui une envie subite de continuer son chemin vers cet objet. Il traversa donc le bras d'eau par le Millennium bridge, et accéléra la cadence, de peur que son petit intérêt pour l'objet s'envole en faveur d'une idée frivole. C'est pourtant ce qui se passa…

A l'angle d'une rue, il tourna sans raison, oubliant tout ce chemin fait pour un objet qui ne devait être qu'un container, après tout. Il marcha encore vingt bonnes minutes dans le dédale londonien avant de s'arrêter devant un magasin de vêtement de luxe du XIXème siècle. Une canne, posée délicatement sur un manteau à queue de pie, aux côtés d'un chapeau haut de forme. Earp adorait les cannes. C'était sa passion depuis sa plus tendre enfance. Il entra, et y resta jusqu'à la fermeture du magasin, à 10h30. Cette heure peut paraître légèrement tardive pour certains, mais cet établissement était assez spécial et acceptait qu'un client reste longtemps, juste pour contempler la parure des articles proposés. Lord Earp sortit donc en traînant des pieds, juste assez pour que cela ne se remarque pas. Comprenez : chez les personnes de son rang, traîner des pieds signifie perdre son honneur en se rabaissant aux humeurs de tout le monde. Il le fit donc très discrètement, presque juste dans sa tête.

La nuit était à présent totalement tombée, et les rues étaient encore noires de monde. Le Millennium Bridge était encombré de passants, et Earp, tout éduqué qu'il était à s'associer à la masse, ne supportait pas d'être bousculé. Il décida donc de passer par le London Bridge, moins utilisé à cette heure. Une fois arrivé devant l'énorme pont, il se dit qu'il avait tout de même souvent de bonnes idées. Le pont était vide. Que ce soit en individu ou en voiture, nul signe de vie. Juste, là, au milieu de l'édifice, un vieux chien hagard. Lord Earp s'avança jusqu'à lui. Un peu dégoûté par son aspect miteux, il avait pourtant appris qu'aider un chien été une des meilleures façons d'obtenir les faveurs de la foule. Les ménages aiment tellement savoir que des gens riches font preuve un peu d'humanité en caressant un chien mourant. Il n'y avait guère un quidam aux alentours, mais peut-être, ne savons-nous jamais, qu'un homme se déciderait à venir avec une caméra pour filmer cette scène émouvante, et la déposerait sur un site Internet, provoquant un"buzz" pro-aristocrate. Mais pour le moment, il fallait d'abord juger de l'état de la bête. S'abaissant sur l'animal, il l'observa.

C'était un chien bâtard à poil brun, mi-long. C'était un chien, tout ce qui paraissait de plus normal. Le type qui sent mauvais dès qu'il est mouillé, qui bave partout quand il a faim, qui remue la queue lorsqu'il est joyeux… Mais non, il n'était pas mouillé, il n'avait pas faim et il n'était pas joyeux. Rien de tout cela. Sa fourrure paraissait restreinte à une touffe sur le dos, le reste n'étant là que pour cacher la peau et les os. Car il était maigre. Extrêmement maigre… Et il n'avait pas faim, tout simplement car il ne la ressentait plus. La mort approchant, plus de vie, partant plus de joie. Les yeux à demi-vitreux du canidé étaient pendus au vide, cherchant peut-être un endroit calme, sans violence, sans douleur où les poser. Mais il n'en existait apparemment pas. La maigre bouche fermée, on pouvait s'apercevoir qu'il lui manquait quelques dents, dont les canines. Ses puces s'étaient enfuies, préférant un chien galleux à son corps atrophié par les épreuves de la vie. La misère du monde semblait être réunie en un seul corps. Ce chien, qui aurait dû être le meilleur ami de l'homme, lui montrait que les animaux aussi possède une vie. Une leçon de piété et de vanité pour un homme riche.

Lord Earp n'en put plus. Son visage était changé. Rien de bon ne pouvait plus exister, si un tel degré de malheur pouvait être. Plus jamais il ne pourrait se vanter d'une canne de renommé achetée pour quelques morceaux de pain à ses amis, tout en pensant à cet air désastreux. Et il ne pourrait pas arrêter d'y penser. L'émotion à la vue de ce chien lui était insupportable, il n'avait jamais encore vécu ça, et par tous les dieux, il ne voulait plus revivre ça.

Il rentra avec précipitation chez lui, enveloppa en vitesse un petit objet sombre, et revint vers le chien.

« Salut toi, Wyatt. C'est le nom que je t'offre, à jamais ! »

Il prit le revolver, tira sur le chien, puis sur sa propre tempe. Il avait pensé jusqu'à la fin que la misère devait disparaître.

Mondes Perdus

Divulgé par Aimepe

Vendredi 29 janvier 2010 à 20:34

Dans la grandeur du ciel, telle une population
Les astres lumineux s'éparpillent partout.
Ils dirigent de loin, sans grand égard pour nous
Ils aiment néanmoins nous nourrir de passions.

S'il m'était permis de conter ma peine
Je m'exclamerai de toute mon âme
Mais la liberté étant à la Reine
Mes mots s'éteindront pour ceux de la Dame.

Et sans ce regard sourd
Je n'y vois guère de jour.
Si loin de vous, mes yeux,
C'est là où souffre Dieu...

Maudit Poète

Divulgé par Aimepe

Samedi 23 janvier 2010 à 15:36

On Y revient toujours, malgré tout ce qu'on tente de faire pour L'oublier, L'effacer et Le cacher. Notre rattachement à Lui est tel que même Epicure se cassait les dents sur Lui. Au final, il L'aura simplement enterrer, sans savoir qu'Il arrive à creuser et vivre sous terre, comme une taupe.

Voir simplement le présent venir... Quelle idée ! Qui peut se vanter d'avoir vécu une minute dans le présent, entièrement dans le présent ? On peut le croire, mais ça s'arrête juste là. Même dans le meilleur des moments, inconsciemment, nous dérivons vers un souvenir, ou un projet futur... Et sans les acquis passés, systématiquement en alerte, le présent n'est rien.

Le Futur, sceau divin de notre parcours. Lui seul peut encore avouer qu'Il nous préoccupe. Et pour ceux qui s'en foutent, ils L'attendent tout de même avec impatience...

Suis-je un triste être qui s'inquiète toujours pour la suite ? Que ce soit gosse, où la mort m'angoissait, début d'adolescence, où la société active m'effrayait, ou encore maintenant, où les différentes formations professionnelles me tourmentent, toujours l'Avenir se faisait sentir, avec un goût de lourdeur paralysant mon esprit.

Mais je ne suis pas le seul. Nous sommes nombreux, nous sommes une majorité d'inquiets, et nous sommes les Rois du monde.

Malade Palpitant

Divulgé par Aimepe

Samedi 16 janvier 2010 à 21:52

    Encore, et pour une fois, j'écris.

On naît, on vit, on meurt. On hurle, on parle, on se tait. On s'agite, on marche, on s'allonge. On se réveille, on s'occupe, on s'endort. Le Verbe, le Sujet, le Point.
Est-ce la vie ? Est-ce vraiment ça, vivre ? Juste trois stades, trois actions, trois mots ? Non. Vivre, ce n'est pas la vie. La vie, ce n'est pas vivre. Certains passent leur vie à essayer de survivre, d'autres la passe à tenter de gagner toujours plus et ne savent pas quand s'arrêter. Ils vivent ? L'un le veut, l'autre ne s'en rend pas compte. Le premier donnerait tout pour bien vivre, mais il n'a rien. Le second ramasse tout ce bas argent qui traîne, et n'attend que des progrès de la science pour le faire plus longtemps. Une vie pour l'attraper, une vie pour en profiter. Et la mort, qui conclut le tout. Trois temps. Mais la mort n'est pas une vie, il en manque donc une... Serait-ce la vie pour vivre ?

Vivre, est-ce savoir qu'on vit ? Est-ce réaliser le but de chaque espèce : se reproduire et mourir ? Est-ce faire ce dont on a envie ? Trop de question pour une seule réponse. Elle ne se définit pourtant pas, malgré ces questions... Et on l'attend. Et on l'attend.

Vivre sa vie n'est pas vivre dans l'époque. Chaque époque a son système, et chaque système a son mode de vie. La vie doit suivre le mode de vie du système de l'époque. Rien n'est plus faux que dire qu'une vie en vaut une autre. Et rien n'est plus vrai que de le dire. Hier, le système voulait qu'on donne au riche directement. Aujourd'hui, le système veut qu'on donne au riche indirectement. Certes, les nuances existent : aujourd'hui, le riche nous paie, on fructifie notre capital, on l'utilise pour le donner au riche. Ainsi, le riche possède toujours son argent, et l'augmente avec le notre. Et on ne peut pas lui en vouloir, puisqu'il nous paie...

"Fructifier", comme "fruit". C'est si joli, et si honteux.

La vie de demain, est-ce que ce sera celui du futur, ou bien toujours celui de hier qui est celui d'aujourd'hui... Et on court pour le savoir, entraînant la fin du système. On court, et on ne fait rien pour courir tout droit. On s'essouffle... Le parcours a changé, il était devant, maintenant il est à côté. Qui peut redresser le chemin ? Les Hauteurs, les Sciences, les Natures ? Plus rien. Il faut juste s'arrêter de courir, marcher et respirer. Surtout, ne pas faire demi-tour et ne pas s'assoir pour se reposer.

Je suis un déchet de l'an 2000. Nous le sommes désormais tous. Quel monde veut de déchets pour locataires ? C'est une question à poser, mais c'est une mauvaise question. Le monde, il est déjà là. Il manque juste le lave-vaisselle pour laver les déchets. Où est-il ? Peut-être bien dans les déchets eux-mêmes.

Toi, là-bas ! Viens, juste pour voir. Viens vivre. Viens essayer de vivre dans ce monde où la vie est considérée comme une belle et merveilleuse erreur.
Viens, et repars. Va conter le désespoir. N'oublie rien, surtout pas comment la mémoire est courte.

Vas-y.

Métaphysique Personnelle

Divulgé par Aimepe

Dimanche 29 novembre 2009 à 2:05

http://mondes-perdus.malade-palpitant.cowblog.fr/images/Vieuxdessins/Dessinmain.jpg

Morte Peinture

Divulgé par Aimepe

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