Mondes-Perdus.Malade-Palpitant

Putain de bulle à toi aussi...

Mardi 30 octobre 2012 à 1:41

Jefferson vomit sa position d'émetteur. Il est le protocolaire des missives perdues. Dans son jardin fleurissent les feuilles d'écriture, et il les traîne au râteau jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les fines lamelles de plastiques qui en protégeaient certaines, alors. Les vents ne sont pas très probants à accuser la mer et les buttes. Il y en a de part et d'autre. Jefferson mange les mots qui bourgeonnent dans son Eden personnel. Ce n'est pas un enclos, il n'y a nulle barrière, nul morceau de bois limitant, nulle pierre définissant, nul critère. Mais il sait que c'est à lui, et personne n'y pénètre sans sa permission. Il n'y a personne, jamais. Mais les mots et lettres sont là, toujours. Il ratisse, il écrème, il sépare, il lit, il oublie. Jefferson croque sa respiration. Comme d'une joie établie, il embrasse aussi les moindres parcelles vides, où seul le sol pousse. De la terre granuleuse désoxydante et nucléaire à la bonne odeur de pluie. Ah, bonheur frissonnant les muscles orbiculaires. Pas d'arbre. Pas de roche. Pas de tout. Un deux trois noyaux de goyave pour l'appellation. Jefferson mastique durement et avec difficulté ses pensées de rassasiement. Ça convient plus ou moins à sa réflexion, de rire et de bégayer devant chaque chiffon d'écritures. Pluriellement passant, cette fois-ci. On se croirait presque dans un état disciplinaire où la règle serait l'encre et les soldats les stylos. Le stylo est un soldat, disent-elles. Qui ? Peu n'en savent. Jefferson crache. Sans imaginer à mal tout ce qu'il a fallu faire pour en arriver là. À ce sol lacéré de lambeaux de fiche papier. À ces lames de vie marquées par le noir à jamais expulsées dans la chair livresque. La mémoire est ici. Rien ne l'attache, elle. Jefferson ingurgite des nuages de chaleur temporelle. L'ellipse de l'ardeur, aux éclats rouges naturels. Bouillonnement d'énergie peu concrète, il s'engouffre par mégarde dans la folie de la vie. Ses yeux sont ses doigts, il déchiffre. Lentement. Très lentement. Pour ne rien laisser dehors. Il ramasse, soit. Il ratisse, soit. Mais surtout, il mange. Sa nourriture ne pousse pas dans son jardin, elle y tombe, comme de la neige rayée de gris.

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Dimanche 14 octobre 2012 à 17:47

Jefferson s'assoit. Il a longtemps marché, ses jambes sont sa langue. Il bave des orteils comme un gastéropode à la glande trop bien léchée. Une pierre était là pour son repos, mais fier de s'affirmer, il l'ignora. La pierre insiste. Elle prie, invoque les canards, propose un assortiment de compétences utiles. Non, c'est assez, par terre c'est suffisant. Que veut-elle cette pierre ? Veut-elle, cette pierre ? Elle, cette pierre ? Cette pierre ? Pierre ? Non. Jefferson. Jefferson s'écroule à terre parce qu'il souffre de rire. Zygomatiquement parlant, il a toujours été très faible. Une feuille tombait d'un arbre qu'il riait déjà de sa chute. Le temps passait mais le rire entraîne le rire. Il rit de son rire. Alors il s'étouffe et sursaute. Il crache à terre un morceau de diamant qui lui gênait pour déglutir. Plus rien n'est comme avant. Jefferson pense à l'origine. Il l'oublie. Ça n'en valait pas la peine de s'enfuir. Quelqu'un le rattrapera, lui vantera les mérites du travail, et repartira avec une signature. C'est pour ça que la fuite ne sert à rien. La flatterie non plus. Le monde est moche quand on le regarde. Surtout la pierre. Elle riait aussi, tout à l'heure. Mais tout est fini, elle est morte. Quand la nature se met à rire, elle crève. Logique. Imaginez un poisson qui devrait prendre de l'air pour respirer après un fou rire. Ça arrive tout le temps, mais ils continuent. Les bêtes. Jefferson s'évanouit dans ses pensées. La mémoire lui tombait alors sur le crâne, maintenant c'est une danse torride qui lui brille sous l'occiput frontal. Sa tête est ses mains. Il se branle du cerveau comme un chien chasse sa queue. En secret, il remue les pieds. Au rythme inventé et au tempo aléatoire chaque demi-seconde. Cauchemar capharnaümesque. Chienlit en démesure. Jefferson se réveille de torpeur. La pluie était tombée à terre. Elle chut. Ha ! Ha ! Hilarant et désuet. Si commun mais jamais il ne s'en lasse. Il n'aime pas mourir, mais ce n'est pas grave. Il peut s'habituer à tout, sauf à rire. HURLE il. Va comprendre, toi. Jefferson n'en sait rien mais bon, il n'a jamais trop su à quoi ça servait, rire. Il n'a jamais osé le demander. Il n'ose jamais assez.

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Jeudi 4 octobre 2012 à 15:32

Jefferson s'avance dans les bois, persuadé de son pas. Lourd et ébouriffant comme le glaçage d'une fraise. Une grotte. Jefferson s'arrête devant ce néant bloquant sa circulation. Hésitation perdue, les lèvres goûtent aux eaux de la rivière. Amer comme l'odeur du bois humide sous temps d'orage. Jefferson marche, doucement, assez pour sentir une main le pousser dans la terre. L'oubli profond l'engouffre tout entier. Aveugle et sourd. Voix gutturale qui s'insinue insidieusement dans ses orifices, de façon malpropre, comme on aime. Jefferson court, souffle coupé, jambes à terre, façon d'avouer ses mots. Plaisir de randonnée, la pression baisse. Augmente. Dans la pénombre il reconnait des marques. Un arbre, une branche, un long chant d'oiseau. Une tourterelle se pose là, et s'envole haut dans le ciel. Bleu comme l'envie, rouge tel la nouveauté. Jefferson saute, de butte en butte. Le sport lui envoie des gouttes de sueur le long des mains. La sève de l'arbre est moelleuse sur la langue. Pour aussi lointain qu'il se rappelle, rien ne l'a jamais autant fait vibrer. Une pomme à terre, il ne la regarde pas. Aucun serpent ne lui propose. Aucun animal cornu ne sort d'un buisson pour. C'est là qu'il sait. Jefferson ralentit parce qu'il sait. Où il est, ce qu'il fait et il n'est pas seul. Rien ne sert d'attendre, quoique. Les odeurs qui lui parcourt les cheveux, il sait pourquoi il les a cru. Les sons distants résonnant dans sa cervelle cuite, il sait pourquoi il veut les croire. La prise tactile, il sait pourquoi elle s'efface sous sa peau. Jefferson reprend la course. Il ne rêve pas, il est dans la grotte noire et sans lumière. Et il est le seul à pouvoir en apporter. Il porte son ampoule à bout de bras, il met son index sur le culot tournoyant et l'envoie droit devant. Il donne des coups de poing imaginaires, encore. Soudain, elle fut. Électrisant son poids d'abord, foudroyant le palpitant davantage. Jefferson trébuche, il respire. Il a fini sa course, mais n'est pas fier. Il veut continuer, faire semblant qu'il peut continuer, faire semblant qu'il peut faire mieux. Il ne peut pas.

 

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Vendredi 21 septembre 2012 à 2:44

 Poum s'est pendu en rentrant chez lui. C'est bête, il y était presque ! Trois pas de plus, et il remerciait le toit rassurant de sa chaumière. Mais bon, c'est ainsi. Le problème, c'est que Poum devait allait ramasser des tulimes. Sa maman en avait besoin pour lui préparer son dessert préféré ! Malheureusement, Poum a fait tomber son bol de tulimes en se pendant. Elles sont désormais gâchées par la terre poussiéreuse. Sa maman va être furieuse. D'ailleurs elle en a déjà marre : Furt a laissé ses jouets partout dans la maison. Vraiment, pour un mari, ce n'est pas très sympathique. Mais bon, c'est ainsi. Elle sait que demain, ce sera pareil, comme tous les jours. Encore aller chercher l'argent dans le monnaier, trouver un nouvel air de musique, poser trois couleurs dans le ciel, alourdir le giutel de trois ou six draches, bercer un futroc avec les battes... Ah, cette monotonie... Quelle affreuseté !

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Dimanche 15 avril 2012 à 14:49

Pour cette fois, c'est l'histoire d'un canard qui s'appelle Zach enfin non il s'appelle pas comme ça car il n'a pas de nom mais on le désignera ainsi pour la facilité du récit. Zach habite une forêt et il protège ses oeufs car sa femme est morte en les pondant alors il les couve et les protège de ceux qui veulent les blesser ou les voler. C'est une grande nuit de pleine lune qui éclaire bien enfin non ça n'éclaire pas beaucoup car il y a plein de nuages noir qui cache la lune et c'est une soirée orageuse alors on entend bien le bourdonnement des éclairs. Zach a un peu peur qu'on s'attaque à sa progéniture d'ailleurs un bruit résonne plus loin là-bas Zach s'approche de l'endroit pour voir ce qu'il se passe et rencontre une sombre masse qu'il n'identifie pas parce qu'il la voit avec ses yeux de canard mais il s'agit en réalité d'une forme humaine. Un homme se promène la nuit dans les bois juste pour marcher mais il fait beaucoup de bruit Zach est un peu effrayé mais en réalité il a l'âme d'un aventurier alors il s'avance encore un peu et encore un peu et un peu quand soudain l'homme lance une pierre en l'air pour s'amuser mais la pierre vole vole et retombe à terre plusieurs mètres plus loin sur le nid de Zach. Un œuf est mort cette nuit. Zach pleure. Zach se demande s'il ne doit pas se suicider. Zach a la pensée d'un homme mais Zach est un canard alors il revient à la raison de canard et reste planté sur le nid pour protéger ses enfants et les couver car sa femme est morte en les pondant.

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