Mondes-Perdus.Malade-Palpitant

Putain de bulle à toi aussi...

Dimanche 14 octobre 2012 à 17:47

Jefferson s'assoit. Il a longtemps marché, ses jambes sont sa langue. Il bave des orteils comme un gastéropode à la glande trop bien léchée. Une pierre était là pour son repos, mais fier de s'affirmer, il l'ignora. La pierre insiste. Elle prie, invoque les canards, propose un assortiment de compétences utiles. Non, c'est assez, par terre c'est suffisant. Que veut-elle cette pierre ? Veut-elle, cette pierre ? Elle, cette pierre ? Cette pierre ? Pierre ? Non. Jefferson. Jefferson s'écroule à terre parce qu'il souffre de rire. Zygomatiquement parlant, il a toujours été très faible. Une feuille tombait d'un arbre qu'il riait déjà de sa chute. Le temps passait mais le rire entraîne le rire. Il rit de son rire. Alors il s'étouffe et sursaute. Il crache à terre un morceau de diamant qui lui gênait pour déglutir. Plus rien n'est comme avant. Jefferson pense à l'origine. Il l'oublie. Ça n'en valait pas la peine de s'enfuir. Quelqu'un le rattrapera, lui vantera les mérites du travail, et repartira avec une signature. C'est pour ça que la fuite ne sert à rien. La flatterie non plus. Le monde est moche quand on le regarde. Surtout la pierre. Elle riait aussi, tout à l'heure. Mais tout est fini, elle est morte. Quand la nature se met à rire, elle crève. Logique. Imaginez un poisson qui devrait prendre de l'air pour respirer après un fou rire. Ça arrive tout le temps, mais ils continuent. Les bêtes. Jefferson s'évanouit dans ses pensées. La mémoire lui tombait alors sur le crâne, maintenant c'est une danse torride qui lui brille sous l'occiput frontal. Sa tête est ses mains. Il se branle du cerveau comme un chien chasse sa queue. En secret, il remue les pieds. Au rythme inventé et au tempo aléatoire chaque demi-seconde. Cauchemar capharnaümesque. Chienlit en démesure. Jefferson se réveille de torpeur. La pluie était tombée à terre. Elle chut. Ha ! Ha ! Hilarant et désuet. Si commun mais jamais il ne s'en lasse. Il n'aime pas mourir, mais ce n'est pas grave. Il peut s'habituer à tout, sauf à rire. HURLE il. Va comprendre, toi. Jefferson n'en sait rien mais bon, il n'a jamais trop su à quoi ça servait, rire. Il n'a jamais osé le demander. Il n'ose jamais assez.

Mondes Perdus

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Jeudi 4 octobre 2012 à 15:32

Jefferson s'avance dans les bois, persuadé de son pas. Lourd et ébouriffant comme le glaçage d'une fraise. Une grotte. Jefferson s'arrête devant ce néant bloquant sa circulation. Hésitation perdue, les lèvres goûtent aux eaux de la rivière. Amer comme l'odeur du bois humide sous temps d'orage. Jefferson marche, doucement, assez pour sentir une main le pousser dans la terre. L'oubli profond l'engouffre tout entier. Aveugle et sourd. Voix gutturale qui s'insinue insidieusement dans ses orifices, de façon malpropre, comme on aime. Jefferson court, souffle coupé, jambes à terre, façon d'avouer ses mots. Plaisir de randonnée, la pression baisse. Augmente. Dans la pénombre il reconnait des marques. Un arbre, une branche, un long chant d'oiseau. Une tourterelle se pose là, et s'envole haut dans le ciel. Bleu comme l'envie, rouge tel la nouveauté. Jefferson saute, de butte en butte. Le sport lui envoie des gouttes de sueur le long des mains. La sève de l'arbre est moelleuse sur la langue. Pour aussi lointain qu'il se rappelle, rien ne l'a jamais autant fait vibrer. Une pomme à terre, il ne la regarde pas. Aucun serpent ne lui propose. Aucun animal cornu ne sort d'un buisson pour. C'est là qu'il sait. Jefferson ralentit parce qu'il sait. Où il est, ce qu'il fait et il n'est pas seul. Rien ne sert d'attendre, quoique. Les odeurs qui lui parcourt les cheveux, il sait pourquoi il les a cru. Les sons distants résonnant dans sa cervelle cuite, il sait pourquoi il veut les croire. La prise tactile, il sait pourquoi elle s'efface sous sa peau. Jefferson reprend la course. Il ne rêve pas, il est dans la grotte noire et sans lumière. Et il est le seul à pouvoir en apporter. Il porte son ampoule à bout de bras, il met son index sur le culot tournoyant et l'envoie droit devant. Il donne des coups de poing imaginaires, encore. Soudain, elle fut. Électrisant son poids d'abord, foudroyant le palpitant davantage. Jefferson trébuche, il respire. Il a fini sa course, mais n'est pas fier. Il veut continuer, faire semblant qu'il peut continuer, faire semblant qu'il peut faire mieux. Il ne peut pas.

 

Mondes Perdus

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Dimanche 23 septembre 2012 à 21:55

Please don't kill me on
Command and think to my son
I don't know what we do
À part sur les genoux.

Maudit Poète

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Dimanche 23 septembre 2012 à 6:08

Mais si, t'y penses encore. Si, dis, si. Dis, tu sais, tu le dis souvent ces derniers temps. T'y penses. Moi aussi, hein, faut pas déconner non plus. Alors d'un côté c'est plutôt bien, j'ai moins l'impression de vivre dans un filament rouge en tenant un filament bleu par la main. Là, je suis englouti de lumière mauve. Du violet. De l'utra-violet. Et on vit dessous, un peu. Toujours un peu, pour la mesure. Y a de la demi-mesure. Rien n'est impossible, on peut tout faire. Rire à tes pleurs, non, ça pas encore. Pour ça il faudrait que tu les montres. Boire jusqu'à la lie dans l'amour d'une brebis. Allez, va. Va.

S'aimer, c'est pas noir. Le noir c'est l'espoir. Rien de plus simple avec l'espoir de devenir désespéré. Si tu veux aimer, prends le vert émeraude. Le monde est jaune. La vie est bleu. Et l'amour est soustractif. Chaque théoricien te le dira, prends le vert. Un de ces verts qui te rappelle les promenades dans le parc, où les crocs ont touché une oreille. Un de ces verts qui te paraît revenir d'un chemin emprunté sans savoir où aller. Un de ces verts qui te semble salvateur dans ton p'tit cœur. Maintenant, j'te pose une question : est-ce bien l'amour que tu veux ? Ça n'a pas l'air simple, au départ, l'amour, de l'extérieur. Pis dans le sas, c'est comme une respiration : simple, agréable et vivant. Rien de plus aisé. Mais c'est quand tu veux entrer dedans que les vrais blocs de lumière viennent, pour te montrer comme c'est opaque. Tu cherches une porte dans un couloir. Tu veux une poignée, tu as un trousseau de clé. C'est la même maison, mais ce n'est pas les mêmes pièces. Certaines se finissent brisées, en lambeaux, réduites en poussière. Certaines n'ont même pas de mur pour que tu puisses ressortir sans faire demi-tour. Remarque, c'est presque plus simple ainsi, avancer. Le plus dur, c'est le torticolis, à force de regarder derrière toi la pièce que t'as traversé. Alors, tu l'as vu, le beau fauteuil où tu aurais pu t'assoir ? Le piano où tu as failli apprendre à jouer ? Oh, il y avait même, tu as cru apercevoir un cadre avec deux personnes sur une plage, riant, souriant. Et là, un ordinateur. En fond d'écran, une fille avec un pull noir, dans la nuit, sur une terrasse de pierre, assise sur une chaise en bois. Elle boit un verre, tu sais ce qu'il y a dedans. Tu le sais, tu l'as bu aussi, ce verre. Et elle vient de revenir de l'intérieur, il faisait froid, elle a mis ce pull noir. Même dans la nuit, il y a une clarté. Tu sais faire la part des choses entre les étoiles et l'étoile. Dis, t'étais là, toi ? T'es dans quelle pièce ? Attends, je prends mon trousseau. Vais-je te trouver ? Dis. Juste une fois, dis-moi, dis.

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Vendredi 21 septembre 2012 à 2:44

 Poum s'est pendu en rentrant chez lui. C'est bête, il y était presque ! Trois pas de plus, et il remerciait le toit rassurant de sa chaumière. Mais bon, c'est ainsi. Le problème, c'est que Poum devait allait ramasser des tulimes. Sa maman en avait besoin pour lui préparer son dessert préféré ! Malheureusement, Poum a fait tomber son bol de tulimes en se pendant. Elles sont désormais gâchées par la terre poussiéreuse. Sa maman va être furieuse. D'ailleurs elle en a déjà marre : Furt a laissé ses jouets partout dans la maison. Vraiment, pour un mari, ce n'est pas très sympathique. Mais bon, c'est ainsi. Elle sait que demain, ce sera pareil, comme tous les jours. Encore aller chercher l'argent dans le monnaier, trouver un nouvel air de musique, poser trois couleurs dans le ciel, alourdir le giutel de trois ou six draches, bercer un futroc avec les battes... Ah, cette monotonie... Quelle affreuseté !

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